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et sobre, il flotte autour d’elle une sérénité sans nom, elle est à sa place ici, elle est totalement raccord avec le décor. Ce qui me rappelle que moi pas du tout, je me fais l’impression d’être un imposteur démasqué.
Elle rayonne. Mais d’où vient cette envie de me faire tout petit, de baisser les yeux, d’être humble, de me taire. Comment une femme peut-elle avoir une aura si grande. J’ai l’impression d’être démonter morceau par morceau, scruté, déshabillé, reconstruit et finalement totalement transparent. Je résiste à l’envie de partir mais comme une évidence pour moi je reprends la conversation toujours les yeux sur son regard impassible.
- il est des voyages qu’on doit faire seul, des naufrages inévitables qui les terminent mais qui sont le seul moyen de finir sur la plage abandonnée d’une ile déserte. «
Mais qu’est-ce que je raconte, c’est quoi ce plan, là mon grand elle va carrément se foutre de toi, un voyage, un naufrage et puis quoi encore. Mais c’est comme si, à cet instant, c’était, selon moi, la seule chose importante à dire.
- Sais-tu qui je suis me demande elle ? son ton ne laisse aucun doute quant à la direction de la conversation.
- La maîtresse du château, fis-je, avec un mouvement de tête vers le tableau.
Elle se redresse légèrement, gracieusement mais ce petit geste semble indiquer qu’une étincelle a jaillie quelque part. Elle ne s’attendait pas à cette réponse.
Mais son regard devient subitement plus noir encore, comme si elle venait de comprendre quelque chose. Moi rien, mais ça fait un moment.
- De quel clan es-tu et comment es-tu arrivé là ? Ce n’est plus de l’intérêt que je vois sur son visage mais de la colère. Je sens que ma réponse va être décisive pour le reste de la soirée.
- Du clan des travailleurs qui se lèvent tôt répondis-je avec autant d’humour et de détachement possible. Et le soir, du clan Campbell ajoutais-je.
- On ne peut briser ce lien, Ignores tu qui tu sers ?
Décontenancé par cette question, je reste interdit.
- Qui je sers, personne ! Je voyage seul.
Cette réponse semble la satisfaire, elle se détend. Elle se laisse glisser un peu sur la banquette mais surtout, gracieusement, elle pose son bras sur l’accoudoir. Ce geste familier enleve toute tension dans la pièce instantanément.
- Alors tu es là par hasard, au milieu d’une soirée où visiblement tu n’as pas ta place. Et tu te retrouves au plus profond de ce lieu dont tu ignores tout. Te voilà, en effet, un bien étrange voyageur.
- C’est une boite de nuit comme tant d’autres. Certes, cette pièce diffère mais pour le reste c’est musique à fond, alcool et cigarettes.
- Comment es-tu entré ici ?
- Le videur nous a laissé passer, j’ai un ami qui est très fort à ce jeu.
- Non, je veux dire ici dans cette pièce.